Quelques éléments ont ainsi marqué mon esprit et m’ont donné
envie de les partager ici.
Se référant à une étude menée de façon récurrente par Gallup
dans les pays industrialisés (et dont j’ai totalement oublié de noter les
références), Isaac met en évidence différents types d’employés que l’on
retrouve dans toute entreprise. Il a choisi de représenter ces types par des
animaux emblématiques :
1.
Les coqs.
Ils représentent 29% des employés .
Ce sont les moteurs de l’organisation, les employés engagés, impliqués dans
leur travail et envers leur organisation.
2.
Les
chiens. La majorité des employés entre dans cette catégorie (52%). Ce sont des employés relativement
désengagés envers leur organisation. Ils travaillent pour gagner leur croûte,
effectuent les tâches qui leur sont dédiées mais ils suivent et ne sont pas des
éléments moteurs pour l’entreprise.
3.
Les
renards. Ces employés sont activement désengagés. Pour certains d’entre
eux, on entre dans le sabotage, pour d’autres cela consiste « simplement »
à résister à toute proposition du management de façon latente ou explicite. Ils
représentent 19% des employés.
Cet étiquetage animalier n’est pas le fruit du hasard. Il permet
de tirer les conclusions qui s’imposent en termes de management et de fonctionnement
dans une entreprise. Il suffit de citer le cas où un coq se retrouve en
présence de renards… il y a une grande probabilité qu’il se fasse mettre en
pièce (et donc en traduisant cela en termes managériaux, son implication et son
engagement seront ébranlés par la résistance systématique de ses collègues).
Le leader contrôleur
« Tous les animaux sont égaux mais certains le sont
plus que d’autres » (La Ferme des
Animaux, Georges Orwell, 1947)
Face à ce problème, il existe deux pistes. La première
consiste à chasser les renards et dresser les chiens. En termes managériaux,
cela veut dire : renforcer les processus de contrôle, découper et évaluer
les tâches, développer de nombreux indicateurs de performance, etc. etc.
Donc voilà, un problème résolu d’une main de maître, plié,
emballé, tout est sous contrôle, les 19% de renards étant muselés ou éradiqués !
Et bien, vous savez quoi ? Vous vous mettez le doigt dans l’oeil car Isaac
Getz nous apprend que, si vous refaites l’exercice d’identifier les coqs,
chiens et renards au sein de votre entreprise, vous retrouvez 19% de renards,
52% de chiens et 29% de coqs… donc on est loin du CQFD et plutôt dans la notion
de vases communicants. En effet, tous les processus de contrôle mis en place
sur le travail des gens créent de la frustration, démotivent les plus engagés et
amènent les déjà désimpliqués à entrer en résistance. Vous avez donc dépensé
une somme importante et du temps dans le développement d’un magnifique
dispositif de contrôle, le personnel vous respecte (enfin, vous le pensez parce
qu’en fait il vous craint et ne vous pas confiance)… pour récolter le fruit
d’une moisson finalement bien pauvre.
Le leader jardinier
Se basant sur une métaphore, Isaac propose une autre voie,
bien plus efficiente. Il suggère au leader de se comporter comme un jardinier. Le jardinier n’agit pas sur la plante
directement mais il va installer les conditions idéales qui permettront à
la plante de développer tout son potentiel, en choisissant les bons engrais, la
bonne terre, l’endroit où les conditions d’ensoleillement sont optimales. Pour le
reste, il fait confiance à la nature…
Dans le même esprit, les leaders doivent créer les
conditions optimales qui permettent aux employés d’exprimer le meilleur
d’eux-mêmes. Cela passe par la culture d’entreprise (« culture »
étant finalement un terme bien ancré au milieu horticole…). Sans culture, pas
d’engagement et donc aucune chance de développer nos coqs, et encore moins de fédérer
les chiens et les renards autour des objectifs de l’organisation.
Trois éléments – trois recommandations - cités par Isaac Getz pour créer une culture
favorable à l’engagement des collaborateurs ont retenu mon attention:
1.
Egalité
intrinsèque : bâtissez un environnement où tous les employés sont traités réellement
en égaux. Faites confiance, lâchez prise, vos employés sont
compétents. Vous n’êtes pas l’expert dans tous les domaines mais chaque employé
est expert dans son propre domaine. Ne vous suppléez pas à lui.
Reconnaissez son expertise et donnez-lui la vision et les objectifs qui lui
permettront d’exploiter sa connaissance pour contribuer à leur réalisation. Cela
vous évitera par ailleurs d’assumer certaines responsabilités à la place de vos
collaborateurs, de « prendre leur singe sur votre épaule » (2). Le
singe est, au gré des circonstances : un problème, un projet, une
décision, une action… que le collaborateur serait tenté de vous
« refiler » alors qu’il a toute les cartes en main pour s’en charger
seul. Cela n’est évidemment possible qu’à la condition de lui donner la
reconnaissance d’expertise nécessaire et la capacité de décision.
2.
Développement
personnel et auto-direction : donnez des perspectives de développement
à vos collaborateurs. Donnez-leur la capacité de s’auto-diriger et de
reconnaître qu’ils sont les plus à mêmes d’identifier ce qui est le mieux pour
eux et pour vos clients. Ils sont sur le terrain, vous pas. N’oubliez jamais
que vos employés sont des adultes responsables et capables.
3.
Donnez du
sens à vos actions. Dans la construction de l’environnement libérateur, il
est important de donner du sens à ce que vous mettez en place, d’ancrer vos
actions à votre vision du leadership. Pour prendre un simple exemple, la
société entre aujourd’hui dans l’ère du Nouveau Travail (New World of Work,
NWOW, etc.) avec plus ou moins d’implication, de soutien et d’efficacité selon
les entreprises. Dans ce cadre, on développe les « open spaces »
(bureaux paysagers), le télétravail, le « flexdesk » (bureaux dans
lesquels les places ne sont plus assignées à une et une seule personne), le
zéro papier, etc. Même les projets les mieux ficelés peuvent se solder par un
échec, tout simplement parce que le sens n’a pas été donné et que les
collaborateurs n’ont pas été impliqués au bon moment, voire pas du tout. Comme
a très justement dit Isaac Getz : ce n’est pas ce qu’on fait de l’espace de travail qui importe
mais bien le sens qu’on donne à ce changement.
En conclusion,
l’entreprise est un vaste zoo agrémenté d’un magnifique jardin, faites
confiance à la nature… et arrêtez de vouloir tout contrôler, ça attire les
renards.
(1) Getz,
I., & Carney, B.M. (2012). Liberté et Cie : Quand la liberté des salariés
fait le Bonheur des entreprises. Editions Fayard.
(2) en référence à la tactique du singe de feu William
Oncker : http://leadershipdevelopment.iiwiki.edu.au/file/view/Management+Time-Who's+Got+the+Monkey.pdf)
.
Excellent article que vous devriez faire lire à Isaac.
RépondreSupprimerLaurent
Merci Laurent ! votre encouragement me fait très plaisir. Votre talk était lui aussi très inspirant et j'ai été ravi de faire votre connaissance lors du vol aller vers le MRH congress :-)
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